Regard d'experts : Les nouveaux intérieurs en 9 tendances
Adieu open space et technoférence : place à l'intimité, à la créativité, au multifonction et à la convivialité
La pandémie a apporté son lot de changements dans nos vies, avec des tendances pour la maison qui semblent parties pour durer. La plus marquante concerne les espaces ouverts : alors que souhaitions jusque-là abattre les cloisons, ouvrir les pièces pour circuler avec fluidité, nous voulons aujourd’hui des espaces définis, à l’usage bien défini et offrant davantage d’intimité. Parmi les autres tendances, le besoin d’un vrai sas à l’entrée de nos maisons et appartements, des solutions de rangements XXL pour désencombrer nos intérieurs, un espace de vie partagé pour plusieurs générations. C’est aussi le mobilier et non plus l’espace qui se veut multifonctionnel.
Aux côtés d’équipes de recherche et de création de Vitra, POSThome et du Danish Architecture Centre, nous vous présentons ici ces grandes tendances entrées dans les foyers du monde entier.
Aux côtés d’équipes de recherche et de création de Vitra, POSThome et du Danish Architecture Centre, nous vous présentons ici ces grandes tendances entrées dans les foyers du monde entier.
Visuel : POSThome
La maison est devenue un espace de vie sur fréquenté, dessinant des besoins jusqu’alors méconnus ou à peine remarqués.
Après la pandémie, le besoin de réinventer la maison ?
La maison est devenue un espace de vie sur fréquenté, dessinant des besoins jusqu’alors méconnus ou à peine remarqués.
Après la pandémie, le besoin de réinventer la maison ?
Visuel Vitra
La fin des espaces ouverts
Premier bouleversement : la fin des espaces ouverts. « Les plans au sol ont été repensés, libérés d’une obligation absolue de laisser la part belle aux espaces entièrement ouverts », poursuit Claudia Campone. « Précisons d’ailleurs qu’il s’agissait là de la conséquence d’une mauvaise compréhension des anciens bâtiments industriels transformés en grands espaces d’habitation, les fameux lofts. Notre mode de vie exige aujourd’hui une vraie organisation de l’espace, un certain compartimentage, avec des malgré tout un lien entre les différentes zones. Il est devenu essentiel de bien penser nos intérieurs. Côté mobilier, cela s’exprime par des pièces sur-mesure, pour maximiser l’utilisation de l’espace à l’horizontale comme à la verticale, mais aussi, à l’inverse, des meubles choisis pour le plaisir des yeux, leur valeur affective ou emblématique. »
Monica Khemsurov, co-fondatrice du magazine Sight Unseen et conférencière pour Home Dynamics (un événement organisé par Vitra avec pour ambition d’explorer nos nouveaux modes de vie), acquiesce : « Le plus important mouvement né dans la crise sanitaire est probablement la mort de l’espace ouvert et multifonctionnel, alors que c’était une obsession chez bon nombre d’entre nous. » La spécialiste fait aussi remarquer que l’idée de passer nos journées entières dans une seule pièce, sans intimité, nous séduit beaucoup moins qu’avant.
La fin des espaces ouverts
Premier bouleversement : la fin des espaces ouverts. « Les plans au sol ont été repensés, libérés d’une obligation absolue de laisser la part belle aux espaces entièrement ouverts », poursuit Claudia Campone. « Précisons d’ailleurs qu’il s’agissait là de la conséquence d’une mauvaise compréhension des anciens bâtiments industriels transformés en grands espaces d’habitation, les fameux lofts. Notre mode de vie exige aujourd’hui une vraie organisation de l’espace, un certain compartimentage, avec des malgré tout un lien entre les différentes zones. Il est devenu essentiel de bien penser nos intérieurs. Côté mobilier, cela s’exprime par des pièces sur-mesure, pour maximiser l’utilisation de l’espace à l’horizontale comme à la verticale, mais aussi, à l’inverse, des meubles choisis pour le plaisir des yeux, leur valeur affective ou emblématique. »
Monica Khemsurov, co-fondatrice du magazine Sight Unseen et conférencière pour Home Dynamics (un événement organisé par Vitra avec pour ambition d’explorer nos nouveaux modes de vie), acquiesce : « Le plus important mouvement né dans la crise sanitaire est probablement la mort de l’espace ouvert et multifonctionnel, alors que c’était une obsession chez bon nombre d’entre nous. » La spécialiste fait aussi remarquer que l’idée de passer nos journées entières dans une seule pièce, sans intimité, nous séduit beaucoup moins qu’avant.
Une recherche de frontières
Après des mois passé à travailler dans la cuisine, à empiler les dossiers sur la table du salon, encombrée aussi de nos ordinateurs et de jouets – empêchant une vraie détente et une coupure avec le travail – nous cherchons aujourd’hui à cloisonner les espaces autant que possible. Quand le bureau occupe une pièce séparée, on peut espérer débrancher en fermant la porte le moment venu.
« Nos cuisines sont devenues des bureaux, nous ne prenons même plus la peine d’enlever notre ordinateur à l’heure du repas, car il faudra ensuite se remettre au travail », analyse Esther Perel, psychothérapeute et intervenante lors de l’événement Home Dynamics. « Les frontières que nous connaissions ont totalement disparu à mesure que nous avons dû nous adapter à un nouveau quotidien. Cela nous a tous affectés sur le plan psychologique. »
Comment évoluent les intérieurs en 2021 ?
Après des mois passé à travailler dans la cuisine, à empiler les dossiers sur la table du salon, encombrée aussi de nos ordinateurs et de jouets – empêchant une vraie détente et une coupure avec le travail – nous cherchons aujourd’hui à cloisonner les espaces autant que possible. Quand le bureau occupe une pièce séparée, on peut espérer débrancher en fermant la porte le moment venu.
« Nos cuisines sont devenues des bureaux, nous ne prenons même plus la peine d’enlever notre ordinateur à l’heure du repas, car il faudra ensuite se remettre au travail », analyse Esther Perel, psychothérapeute et intervenante lors de l’événement Home Dynamics. « Les frontières que nous connaissions ont totalement disparu à mesure que nous avons dû nous adapter à un nouveau quotidien. Cela nous a tous affectés sur le plan psychologique. »
Comment évoluent les intérieurs en 2021 ?
Besoin d’organisation
Du stress engendré par ces espaces ouverts où se mêlent travail et vie de famille, repas et loisirs, est née une autre tendance : un besoin démultiplié de rangements pour entreposer (ou cacher) tout ce qui risque de traîner un peu partout, et profiter de la sérénité d’un espace bien rangé.
Trouvez un pro pour repenser votre intérieur sur Houzz
Du stress engendré par ces espaces ouverts où se mêlent travail et vie de famille, repas et loisirs, est née une autre tendance : un besoin démultiplié de rangements pour entreposer (ou cacher) tout ce qui risque de traîner un peu partout, et profiter de la sérénité d’un espace bien rangé.
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Visuel : POSThome
L'entrée comme un sas
Les architectes d'intérieur sont de plus en plus sollicités pour l'aménagement d'une « zone tampon » dans les entrées. Avec deux objectifs : pouvoir y laisser les chaussures, manteaux et sacs, pour des raisons d'hygiène, mais aussi y récupérer les commandes livrées à domicile.
L'entrée comme un sas
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Ateliers à la maison
Les premiers mois du confinement, l’offre d’activités et d’ateliers en ligne s’est fortement développée, notamment à l’intention des enfants, avec de nouvelles formes de divertissement. De leur côté, les adultes ont pris davantage de plaisir à mitonner de bons petits plats.
« C’est une tendance très intéressante, celle des ateliers à la maison », note Claudia Campone. « Nos intérieurs manquent généralement d’espaces pour faire, fabriquer, créer : des tables, une pièce dédiée aux pratiques artistiques, musicales ou culturelles. Nous avons envie d’un coin lecture, musique, d’une table pour les activités manuelles. La pandémie nous a permis de comprendre l’utilité et le plaisir d’une vie domestique que l’on pourrait qualifier d’autosuffisante. »
Ils ont aménagé leur maison pour vivre pleinement leur passion
Les premiers mois du confinement, l’offre d’activités et d’ateliers en ligne s’est fortement développée, notamment à l’intention des enfants, avec de nouvelles formes de divertissement. De leur côté, les adultes ont pris davantage de plaisir à mitonner de bons petits plats.
« C’est une tendance très intéressante, celle des ateliers à la maison », note Claudia Campone. « Nos intérieurs manquent généralement d’espaces pour faire, fabriquer, créer : des tables, une pièce dédiée aux pratiques artistiques, musicales ou culturelles. Nous avons envie d’un coin lecture, musique, d’une table pour les activités manuelles. La pandémie nous a permis de comprendre l’utilité et le plaisir d’une vie domestique que l’on pourrait qualifier d’autosuffisante. »
Ils ont aménagé leur maison pour vivre pleinement leur passion
Visuel : Vitra
Une maison, plusieurs générations
Nora Fehlbaum, P-DG chez Vitra, cite une autre tendance, en lien direct avec la structure changeante du noyau familial : « Les EHPAD se sont retrouvés au cœur de la crise sanitaire, nos aînés ont été les premiers menacés par le virus et les autres maladies. Leurs enfants et petits-enfants les ont accueillis quand ils le pouvaient. L’habitat plurigénérationnel semble ravir toute la famille et réchauffer les intérieurs. Pour certains, il a fallu s’adapter, acheter des chaises, un nouveau canapé, des fauteuils, du mobilier capable de résister à la vie de famille agrandie. Et l’investissement semble en valoir la peine : aux États-Unis, 82 % des foyers concernés disent avoir tiré de cette vie en commun de la joie et des liens renforcés. »
Il arrive ainsi que les jeunes générations, rentrées vivre chez leurs parents en cette période de crise, partagent leur quotidien avec leurs grands-parents.
Une maison, plusieurs générations
Nora Fehlbaum, P-DG chez Vitra, cite une autre tendance, en lien direct avec la structure changeante du noyau familial : « Les EHPAD se sont retrouvés au cœur de la crise sanitaire, nos aînés ont été les premiers menacés par le virus et les autres maladies. Leurs enfants et petits-enfants les ont accueillis quand ils le pouvaient. L’habitat plurigénérationnel semble ravir toute la famille et réchauffer les intérieurs. Pour certains, il a fallu s’adapter, acheter des chaises, un nouveau canapé, des fauteuils, du mobilier capable de résister à la vie de famille agrandie. Et l’investissement semble en valoir la peine : aux États-Unis, 82 % des foyers concernés disent avoir tiré de cette vie en commun de la joie et des liens renforcés. »
Il arrive ainsi que les jeunes générations, rentrées vivre chez leurs parents en cette période de crise, partagent leur quotidien avec leurs grands-parents.
Multifonctionnalité
Le mobilier multifonctionnel séduit plus que jamais. Depuis des années, les meubles de bureaux s’inspirent largement de la maison, côté style et couleurs notamment. On constate aujourd’hui le phénomène inverse : les panneaux acoustiques et cloisons coulissantes, qui appartenaient à nos paysages professionnels, investissent nos intérieurs, tout comme certains styles de bureaux, avec une modularité permettant de travailler debout ou assis.
Le mobilier multifonctionnel séduit plus que jamais. Depuis des années, les meubles de bureaux s’inspirent largement de la maison, côté style et couleurs notamment. On constate aujourd’hui le phénomène inverse : les panneaux acoustiques et cloisons coulissantes, qui appartenaient à nos paysages professionnels, investissent nos intérieurs, tout comme certains styles de bureaux, avec une modularité permettant de travailler debout ou assis.
Pause bienfaitrice
Un nouveau terme est né : la « technoférence », à savoir la désagréable intrusion (interférence) de la technologie dans nos relations personnelles. Nous venons de passer des mois et jours entiers sur Internet : la tendance actuelle est à la réduction des échanges virtuels, notamment à la maison.
« Avec la pandémie, le recours à la communication digitale pour le travail, l’enseignement, les loisirs et les achats est devenu presque permanent », explique Kent Martinussen, PDG du Danish Architecture Centre. « Du jour au lendemain, nous nous sommes mis à faire depuis chez nous ce que nous faisions habituellement ailleurs. Plongés dans un monde numérique et ultrasocial tout en étant isolés et confinés dans un espace physique, nous avons rapidement touché du doigt notre envie et notre besoin d’espaces publics et de contact avec la nature. Tout cela a pris de la valeur à nos yeux. »
Un nouveau terme est né : la « technoférence », à savoir la désagréable intrusion (interférence) de la technologie dans nos relations personnelles. Nous venons de passer des mois et jours entiers sur Internet : la tendance actuelle est à la réduction des échanges virtuels, notamment à la maison.
« Avec la pandémie, le recours à la communication digitale pour le travail, l’enseignement, les loisirs et les achats est devenu presque permanent », explique Kent Martinussen, PDG du Danish Architecture Centre. « Du jour au lendemain, nous nous sommes mis à faire depuis chez nous ce que nous faisions habituellement ailleurs. Plongés dans un monde numérique et ultrasocial tout en étant isolés et confinés dans un espace physique, nous avons rapidement touché du doigt notre envie et notre besoin d’espaces publics et de contact avec la nature. Tout cela a pris de la valeur à nos yeux. »
L’extérieur bienfaiteur
Voici la tendance la plus évidente ! Durant les confinements, les grands chanceux ont sans conteste été ceux pouvant jouir d’un extérieur, qu’il s’agisse du jardin ou d’un balcon : un supplément d’espace et de respiration.
Plus de photos d’extérieurs sur Houzz
Voici la tendance la plus évidente ! Durant les confinements, les grands chanceux ont sans conteste été ceux pouvant jouir d’un extérieur, qu’il s’agisse du jardin ou d’un balcon : un supplément d’espace et de respiration.
Plus de photos d’extérieurs sur Houzz
« Cette envie de nature est une tendance forte », souligne Kent Martinussen. « Pour contrebalancer la déferlante numérique dans nos vies, principalement. Si l’engagement pour la protection de l’environnement n’est pas étranger au phénomène, nous restons définis et guidés par notre besoin d’équilibre entre l’univers virtuel et effervescent de notre vie digitale et un ancrage autour d’éléments non artificiels, comme le bois, le bambou, la pierre, les plantes, l’eau et les animaux, tous issus d’un monde auquel nous appartenons et sommes liés : celui du vivant, de la nature. »
ET VOUS ?
Que pensez-vous de ces tendances ?
ET VOUS ?
Que pensez-vous de ces tendances ?
L’intérieur comme un refuge et le miroir de notre personnalité
Pour commencer, posons-nous la question du rôle que nous attribuons à la maison, cet intérieur qui s’est largement transformé au cours de la longue année passée.
« Lors de la première phase de la pandémie, la maison a repris sa fonction première, celle d’un refuge, d’un cocon », observe Claudia Campone, fondatrice de ThirtyOne Design et créatrice de POSThome, « un appartement expérimental dans lequel sont mis en pratique les concepts liés à nos nouveaux modes de vie. Puis nous avons été contraints de nous isoler. Nous avons alors eu une prise de conscience : ce que nous envisagions comme un simple logement est en réalité une extension de notre personnalité et des choses qui nous animent. Nos vies sont fortement exposées sur les réseaux sociaux : notre intérieur est devenu le décor de notre quotidien. Il nous a fallu recréer chez nous tout ce que nous déléguions à des espaces tiers : le travail, le sport, les loisirs et, pour nombre d’entre nous, les bons repas. »